Juin 262008
 

« Ségolène m’a fâcher ! »

Ségolène RoyalSégolène Royal publiera début juillet un livre de dialogue dont le titre est  » Si la Gauche veut des idées « . Cet ouvrage de dialogue avec le sociologue Alain Touraine, à qui revient le titre de l’ouvrage, sera « publié le 8 juillet », a indiqué Mme Royal lors d’une rencontre avec la presse écrite régionale. En attendant (pour ceux qui attendraient), Le Monde en publie dès aujourd’hui les bonnes feuilles.

On y lira notamment ceci, à propos de ce qu’elle appelle « la France métissée » : « Je propose, pour renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, de créer une cérémonie républicaine pour tous les jeunes, quelle que soit leur origine, pour le passage à la majorité à 18 ans, l’âge du droit de vote.« 

Bah voyons ! Et puis lors de cette cérémonie, une partie de la matinée serait consacrée à lire la lettre de Guy Moquet ; à midi les jeunes se mettraient en rang pour chanter la Marseillaise ; dans l’après-midi, chacun d’entre eux ferait un compte-rendu à propos de la mémoire de cet enfant juif qu’on leur a attribué en primaire ; et le soir chacun repartirait avec un drapeau français tatoué sur la fesse gauche.

Sûr que la Gauche veut des idées – elle n’en est pas totalement dépourvue d’ailleurs – mais peut-être pas de vôtres, Madame Royal. Pas de ces idées « coup de com’  » qui ne règleront jamais le moindre des problèmes que connaissent les français dans leur vie quotidienne… et qui déjà, vous vous en souvenez peut-être, vous nous ont fait perdre une élection présidentielle ; et ce pour le plus grand profit d’un Sarkozy qui est et restera toujours bien plus fort que vous dans le domaine des idées à la con !

J’ai l’air fâché ? Mais non… Je suis tout simplement dans une colère noire. C’est que, voyez-vous, tout ce vide, à la fin, ça me gonfle !

C’est que, surtout, et si on prend la peine de réfléchir deux minutes – avant par exemple de faire une confiance aveugle à ses intuitions -, en France, lorsque l’on atteint sa majorité, on obtient une carte d’électeur, signe d’appartenance à la communauté nationale… pourvu qu’on soit français. Pourvu qu’on soit français ?!

Mais oui, bon sang, il ne suffisait que d’y penser : pour marquer la citoyenneté, l’appartenance à la cité, à la communauté nationale, on pourrait commencer par accorder le droit de vote à tous ceux dont on réclame un comportement citoyen, accorder le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales. Ça aurait été un poil plus ambitieux, non ? Un poil moins symbolique, aussi. Et d’ailleurs, si l’on veut la faire cérémonie citoyenne, rite de passage à l’âge adulte de la citoyenneté, il ne devrait y avoir rien de plus enthousiasmant que d’aller pour la première fois exercer son droit de vote, son devoir civique, comme on dit…

Parce que voilà, tout de même, organiser une cérémonie républicaine pour tous les jeunes français… ce serait de facto en exclure leurs potes qui ne le seraient pas, français, et avec lesquels pourtant ils ont grandi – voire avec lesquels a grandi en eux le sentiment commun d’être refoulés, abandonnés en marge de la communauté nationale, justement…

Alors, dites-nous, Madame Royal, puisque le sujet de l’appartenance nationale vous tient tant à coeur, ce projet d’une France métissée réconciliée, ne pensez-vous pas qu’il passe d’abord par un droit de vote élargi, un droit de vote qui n’exclurait pas, qui ne créerait pas des citoyens de seconde zone ? Ne pensez-vous pas que l’exercice du droit de vote serait en réalité la plus belle des cérémonie républicaine pour la jeunesse de France – qui n’est pas tout à fait exclusivement une jeunesse française -, ne pensez-vous pas ?

Source : Ségolène m’a fâcher !