Jan 252010
 

No Sarkozy Day, par SaTParce qu’il semble subsister quelques interrogations, incompréhensions et malentendus, il est sans doute utile de faire un point explicatif sur différents aspects très précis de l’appel au No Sarkozy Day, lancé hier par les blogueurs.

Sur la démission : Il est bien clair aujourd’hui que le No Sarkozy Day est totalement déconnecté de tout appel à la démission du Président de la République. Il ne s’agit pas de dire si un tel appel serait ou ne serait pas une bonne chose, il s’agit simplement d’entériner que tel n’est pas l’objet de notre appel et que tel ne sera pas le sujet de la journée du 27 mars prochain, où il s’agira seulement de lui dire NON ! – lui, Nicolas Sarkozy…

Cela dit, si l’ampleur de notre mobilisation le conduisait en un éclair de lucidité – – lui, Nicolas Sarkozy… – à choisir de démissionner, je suis bien convaincu que peu d’entre nous viendraient s’en plaindre.

Cela n’arrivera pas.

Sur la démocratie : La démocratie ne consiste pas uniquement à convoquer le peuple à intervalles réguliers pour que nous puissions glisser un bulletin dans une urne. La démocratie c’est aussi et beaucoup que soient placés les élus sous le contrôle vigilant du peuple. A l’occasion, chacun est fondé à donner son avis. A l’occasion, le peuple est légitime à exercer sa vigilance en rappelant où sont les limites, en protestant qu’elles aient été outrepassées, en disant Stop ! Ça suffit ! NON !

A ce titre, manifester est exercer la démocratie, la rendre vivace, quoi qu’en diront comme à chaque fois les infatigables réactionnaires, qui à n’en pas douter ressortiront la petite rengaine du « ce n’est pas la rue qui gouverne« . Bien entendu, ce n’est pas la rue qui gouverne, mais la rue est ce lieu où le peuple à toute la légitimité, et parfois même le devoir, de se rassembler pour dire non à ceux qui prétendent le gouverner.

Sur l’absence de perspectives : Parmi les reproches qui nous sont faits, il y a celui du projet, « parce que dire non ne suffit pas« , parce qu’agréger les mécontentements n’est pas une fin en soi. C’est vrai dire non ne suffit pas. Il reste que dire non est parfois une exigence. Il reste, pour revenir au point précédent, que la démocratie c’est – aussi – savoir quand il est devenu plus que nécessaire de dire non, parce que trop de limites ont été franchies, parce que le rôle du peuple n’est pas seulement d’accepter et de subir, de baisser la tête et de rentrer sa colère. La démocratie c’est aussi – et c’est essentiel – la faculté pour chacun de défendre ce qui justement est notre bien commun et qui s’appelle la République. Dire non est ce qui pourra permettre que tout cela n’aille pas définitivement trop loin.

Parallèlement, ceux qui auront attentivement lu l’appel auront noté qu’il se termine par une ouverture sur un après et son champ de possibles, une ouverture sur un devenir positif d’une mobilisation dont l’objet premier est de dire NON ! Mais ces perspectives, il n’est pas de notre rôle de les prédéterminer. Nous nous sommes contentés de lancer un appel à dire ensemble, le même jour, ce non qui nous rassemble… et à inviter ensuite, à l’issue de la mobilisation, tous ceux qui le souhaitent à créer un « après le No Sarkozy Day » – et sachant aussi qu’il ne saurait y avoir d’après sans une mobilisation forte…

Sur la personnalisation : Pourquoi s’en prendre à Nicolas Sarkozy ? Ayant consacré un billet entier à cette question, je vais seulement rappeler ici que Nicolas Sarkozy est président de la République, et est à ce titre responsable de bien des dérives que connait notre République depuis son élection, et responsable aussi bien de la politique menée par son premier ministre, et donc des désastres financiers, économiques et finalement sociaux auxquelles cette politique a conduit le pays.

Ce n’est pas l’homme qui est visé, mais le responsable politique, c’est-à-dire cette politique dont il est responsable. C’est à lui que nous adressons notre NON ! A qui d’autre ?

Sur l’intitulé : « No Sarkozy Day ». C’est en anglais, c’est centré sur sarkozy, c’est un mauvais titre. Oui… Mais ce n’est qu’un titre, une accroche, et la pré-histoire de l’appel fait qu’il était difficile d’y renoncer tant il avait déjà cheminé dans les esprits. Ce n’est qu’un titre et la lecture de l’appel apporte toute la précision qui lui est utile : No Sarkozy Day, une journée pour lui dire NON !

Sur l’indépendance : Il est écrit dans l’appel que nous sommes des citoyens qui lançons un appel « indépendamment de tout parti ou syndicat« . Il semble utile de préciser ce que cela ne signifie pas.

Cela ne signifie pas que nous prétendons que cette mobilisation serait apolitique. Dès lors que l’on s’intéresse au vivre ensemble dans la cité, il s’agit de politique. C’est évident et même nous le revendiquons. C’est une mobilisation politique, pour la simple raison qu’elle a pour vocation de dénoncer une mise à mal de nos valeurs communes, les valeurs de la République. Elle n’est cependant ni politicienne ni partisane.

Cela ne signifie pas qu’aucun de nous n’est membre ou sympathisant d’aucun parti ou syndicat. Tout simplement nous agissons en-dehors et indépendamment de leurs structures, en tant que ces simples citoyens que nous sommes aussi et avant tout.

Et cela ne signifie pas d’avantage que nous aurions choisi d’exclure par avance les partis et les syndicats qui souhaiteraient nous rejoindre dans ce NON ! Au contraire, il s’est agi de nous placer en situation de les fédérer tous et de fédérer au-delà d’eux, parce que l’appel en dépasse les clivages, parce que l’appel porte sur ce qui est susceptible de rassembler, des valeurs communes et qu’il s’agit de défendre, tous ensemble car bien au-delà de qui nous sépare. Partis, syndicats et associations sont évidemment les bienvenus dans cette mobilisation, pour peu qu’ils en partagent les motifs.

Sur les signataires : Beaucoup de ceux qui avaient signé un premier texte pour expliquer pourquoi ils étaient opposés au No Sarkozy Day, ont désormais fait le choix d’être signataires de cet appel et de le relayer. L’explication en est toute simple : la nature même du No Sarkozy Day s’est trouvé radicalement transformée par la réécriture de l’appel – et je viens au long de ce billet de décrire de quelle manière.

Il est courageux de leur part d’avoir osé ce choix, auquel ils n’avaient d’évidence aucun intérêt – sinon la fidélité à leurs convictions – sachant qu’aussitôt tous les bas-du-front de la blogosphère de droite allaient leur tomber dessus en crachant du « girouette ». Alors qu’à l’évidence, sans eux, c’est-à-dire sans ce premier texte qu’ils rédigèrent, l’appel au No Sarkozy Day tel qu’il existe aujourd’hui n’aurait pas existé.

De la même manière, car à toute histoire il faut une pré-histoire qui lui est essentielle, il est important de saluer l’ouverture d’esprit dont ont fait preuve les pionniers du No Sarkozy Day, qui non seulement ont su digérer la critique, mais ont également su accepter une refonte globale de l’esprit même de cette mobilisation dont ils demeurent les pères.

Or donc, et notamment grâce à tous ceux-là :

Le No Sarkozy Day est mort et Vive le No Sarkozy Day !

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Où l’on parle de : Histoire et pré-histoire



Appel des 55