Fév 042011
 

Cela fait désormais plus d’un an que j’ai placé ce blog en coma léger, me contentant de mettre à jour les évolutions de l’impopularité crasse du tout petit président que nous avons. M’autorisant aussi, très occasionnellement, un court billet factuel, comme on laisse échapper un peu de vapeur. Par nécessité et avec parcimonie.

C’est que j’avais besoin de prendre de la distance, ne pas m’épuiser en un face à face stérile avec ma colère. C’est que j’étais conscient aussi de la vanité de ce combat par blog interposé, convaincu qu’un blog de plus ou de moins relatant les faits et méfaits de Nicolas Sarkozy n’y changerait plus rien : seuls  ceux qui le voulaient bien continueraient de se laisser abuser.

Pour tous les autres, qu’ils se soient ou non laissés duper en 2007, la nature profonde de Nicolas Sarkozy relève désormais de l’évidence : un petit bonhomme façonné par ses complexes, assoiffé de pouvoir comme on est assoiffé de revanche, disposé à commettre toutes les félonies et à proférer tous les mensonges, à porter les plus mauvais coups et dans toutes les directions, pour se hisser au sommet et s’y maintenir, et qui se fout aussi bien du sort des Français que de celui de la France, soucieux uniquement de sa propre importance, de ses propres intérêts et de ceux de ses amis les puissants et dont il voudrait croire qu’il ne serait pas seulement le triste pantin.

Car il n’est que cela finalement, l’immonde marionnette des possédants. Mais regardez-le donc monter à la tribune en roulant des épaules, comme il est fier du rôle qu’on lui fait jouer. Il s’imagine tout puissant, irrésistible. Et en effet, il peut beaucoup. Imaginez un enfant auquel on aurait confié un gros marteau et la mission de s’en servir sans restriction. Nicolas Sarkozy est cet enfant et son terrain de jeu est l’Etat Français et sa République. Voyez comme il casse, comme il prend plaisir à mettre tout par terre, tout réduire en miettes, mettant beaucoup d’application à ce qu’il soit très difficile de reconstruire. Vous cherchez un casseur ? Il est président de la République.

Le code du travail est en miettes. Le système éducatif est en bouillie. Le système judiciaire est à l’agonie. Les valeurs de la République sont piétinées. Les protections sociales sont à terre. Le système de redistribution, fondement de la solidarité nationale, fait figure de souvenir. La machine économique est en rade. Les libertés reculent. La pauvreté gagne. Les précarités s’accroissent. Les inégalités triomphent. Et les très riches jubilent.

Et pendant ce temps là, la liste est longue des indécences qui se sont étalées et s’étalent encore, depuis le diner au Fouquet au soir de son élection et ses vacances bling bling sur le yacht de son ami Bolloré, en passant par la désastreuse affaire Bettencourt, la scandaleuse affaire Karachi, les faveurs népotiques faites au fils Jean, les condamnations du ministre Hortefeux (pour injure raciale et atteinte à la présomption d’innocence, excusez du peu),  l’affligeante stigmatisation de la communauté dite « rom », et j’en passe des pires, jusqu’à la ministre Alliot-Marie qui propose au dictateur Ben Ali les compétences sécuritaires de la France à son retour de vacances dans une Tunisie occupée à faire la révolution, empruntant à l’occasion un Jet privé qui passait par là, appartenant à un milliardaire opprimé (ou comment marier oxymoron et cynisme jusqu’à l’écœurement)…

Et puis une jeune fille qui se nommait Laëtitia vint à être tragiquement et atrocement assassinée.

Vous voulez que je vous dise, ce que fait là Nicolas Sarkozy, en matière de récupération politique sur la dépouille encore chaude de cette pauvre  fille, c’est simplement la pire des saloperies. C’est à pleurer, à vomir, à s’étouffer de rage. C’est au-delà même de l’indécence. C’est au-delà de ce qui s’appelle la civilisation, ce respect minimal qui fait que nous pouvons nous dire un peu différent de l’animal. C’est tout simplement barbare. Une immonde saloperie.

Et qu’un type capable d’une telle saloperie, d’une telle barbarie, soit président de la République, ça reste pour moi – et ce depuis près de quatre ans – incompréhensible. Une tragique anomalie historique. Une honte pour tout un pays.

La perversité de cet homme !
Non, on ne m’otera pas de l’esprit qu’elle est maladive, là encore le fruit d’une anomalie, cette perversité qui conduit un homme à s’attabler devant un cadavre afin de voir le profit politique qu’il lui est possible d’en faire suinter.

C’est que, voyez-vous, c’est finalement tout simple, si l’on veut vraiment remonter de la tragédie au politique : ce petit homme qui depuis 2002 nous parle d’insécurité la main sur le coeur, commet loi sécuritaire sur loi sécuritaire, enchaine les déclarations à l’emporte-pièce, tente de tourner à son profit le moindre fait-divers, la moindre souffrance, la moindre émotion, ce petit homme fait président est en réalité seul responsable du manque de moyens humains accordés au système judiciaire et qui a conduit tout droit à la mort de Laëtitia.

Nicolas Sarkozy aurait pu assumer cette responsabilité écrasante et démissionner, s’il avait été un grand homme. Ce qu’il n’est définitivement pas.
Au moins aurait-il pu alors avoir l’élémentaire décence de fermer sa gueule.
Mais non, il est plus petit encore.

D’où ma colère qui se remet à déborder et ce billet un peu désordonné, fourre-tout. Je suis furieux. J’ai eu envie de vous le dire. Tant pis.

 

Edit : Je viens de constater que ce billet est le n°300. Ça tombe plutôt bien, je trouve.